Les lettres du Comte de Chambord
Il était tout naturel que le petit-fils de Charles X, Mgr le Comte de Chambord, soit resté fidèle, sur ce point comme sur les autres, à la tradition capétienne, et celui qui fut Henri V n'attendit pas l'année 1865 pour manifester publiquement son souci du sort des travailleurs. Il n'a que vingt-quatre ans lorsqu'il écrit le 11 octobre 1844 au vicomte du Bouchage, membre de la Chambre des Pairs : " Monsieur le Vicomte, je profite d'une occasion sûre pour vous remerciez des deux mémoires que vous m'avez envoyés. Je les ai lus avec d'autant plus d'intérêt et d'attention que je m'occupe moi-même de ces graves et importantes questions qui doivent exercer dans l'avenir une si grande influence sur la destinée des nations. Je regarde comme un devoir d'étudier dès à présent tout ce qui se rattache à l'organisation du travail et à l'amélioration du sort des classes laborieuse."
Il a 35 ans lorsqu'il écrit, le 13 janvier 1855, à un autre correspondant: "...Quant aux associations ouvrières, elles ont pris depuis plusieurs années un développement qui n'a point échappé à mon attention. En se formant dans des idées d'ordre, de moralité, d'assistance mutuelle, en régularisant leur existence sous l'autorité tutélaire des lois, et en évitant, avec les abus du monopole qui, à une autre époque, amenèrent la suppression des anciens corps de métiers, tout ce qui pourrait en faire des instruments de troubles et de révolutions, ces associations constitueront de plus en plus des intérêts collectifs sérieux qui auront naturellement droit à être représentés et entendus pour pouvoir être suffisamment protégés..."
Lorsqu'il écrit, le 20 avril 1865, cette Lettre publique sur les ouvriers qui fit si grande et si féconde impression sur l'esprit d'un La Tour du Pin et d'un Albert de Mun, le Comte de Chambord a atteint la plénitude de l'âge mûr, et cet important document a le ton des réflexions longuement méditées: